Hu Jiaxing | Au commencement
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Au commencement

2021
Hu Jiaxing, Zhao Fei, Au commencement, 2021. Installation sonore, performance, film. Vue d’exposition dans la cage de Faraday du musée Edouard Branly. Durée du film : 20 mins.

 

Le 19 mars 2021, une vallée est entrée en éruption en Islande, sur cette île glacée faite de roches volcaniques. Cependant, ce n’est pas devenu une catastrophe naturelle. Les gens venaient de toutes les directions pour assister à ce spectacle. Les laves convergent vers une rivière d’énergie, coulant tranquillement le long de la vallée. C’est le théâtre du Cosmos, les Islandais s’y rassemblent, contemplant leur terre natale en cosmogonie, comme une participation collective de l’éternel retour du temps.

Le musée Édouard Branly de l’Institut Catholique de Paris est un espace scellé, d’une densité sourde et impénétrable. Cet espace est comme une grotte. Mais si l’on regarde plus attentivement, on peut trouver qu’il y a plusieurs petites fenêtres à même les parois, bien qu’elles soient fermées, elles ressemblent aux grottes-cieux du taoïsme, communiquant secrètement avec le monde céleste.

L’acte de création est fondamentalement un acte cosmogonique. L’éruption volcanique en Islande est un événement cosmogonique, et nous espérons transmettre cette énergie de cosmogonie. J’ai contacté des personnes qui se sont rendues dans la vallée en éruption, et après avoir obtenu leur autorisation, j’ai utilisé les sons volcaniques qu’ils avaient enregistrés comme matériau de transformation de l’espace et du temps.

Parmi ces matériaux sonores, il y a les hurlements du vent et de la neige au milieu des volcans, les murmures du magma s’écoulant à travers les fissures de la terre, les bruits assourdissants de l’éruption soudaine, et encore des rafales crépitante du feu terrestre jaillissant vers le ciel qui rencontre le froid du vent et de la pluie.

J’ai composé ces sons comme une ode au commencement cosmogonique. Le premier chapitre décrit le chaos originel, lointain et vaste. Puis, il y a de la lave qui commence à circuler, comme le battement du cœur d’un fœtus dans le ventre de la mère, la terre est conçue comme un éclat. Enfin, dans le jaillissement de l’énergie, la vie naît, puis, le langage.

 *

Le 17 septembre 2021, à l’approche du crépuscule, nous sommes entrés dans une grotte dans la forêt de Saint-Germain pour la deuxième étape de la création.

La grotte était sombre, le ciel de l’extérieur parmi les feuillages devint progressivement bleu profond. Fei tenait les appareils d’enregistrement, j’ai pris des allumettes dans la main. Au commencement des sons volcaniques, j’attendais le moment à frotter la première lumière.

La lumière du feu polissait les roches environnantes dans de différentes profondeurs. Cette grotte noyée dans la forêt, en ce moment rempli par les bruits des volcans, avec le feu vivant, s’est transformé en un espace souterrain où la lave à peine brassée, était à la recherche des fissures à éclater. À cet instant, les bruits d’éruption étaient encore profonds et le monde demeurait dans les ténèbres. De petites flammes tentaient de pénétrer la roche solide, mais la lumière et la chaleur étaient vite avalées par l’épaisseur du Chaos.

Le torrent énergétique faisait rage et le feu errait parmi les étranges formes souterraines. Le contour flou dormant dans l’obscurité, réveillé par la lumière rapide du feu, ressemblait au visage d’un fœtus avant la naissance, entre humain et animal, fugace et changeant. La lumière du feu se dirigea vers un rocher rond surélevé. À ce moment-là, la lave ondulait et la forte détonation se précipita pour invoquer le feu de charbon pour lui donner des formes graphiques, déchirant la ligne de vie en spirale du centre de la roche. Sous le feu, les lignes sautaient, la terre est entrée dans une respiration rythmique, un espace de vie se séparait un à un des ténèbres, et des symboles et langages coulaient dans toutes les directions.

*

Le 5 octobre 2021, avec les sons et images, nous avons rallumé le champ énergétique de la cage de Faraday d’Edouard Branly. Les sons enregistrés dans la vallée volcanique et dans la grotte sont rendus plus chaotiques après des impacts répétés des plaques de cuivre ; les images du feu projetées sur les mêmes plaques de cuivre, étaient partiellement avalées, partiellement diffractées en bandes de lumière battantes, s’étendant la clarté d’origine. De cette façon, l’espace et le temps devenaient des replis infinis en projection et en réflexion.

 

Interview autour du projet de création “Au commencement” >

Category
Graphein, In situ