Hu Jiaxing | Research
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Research

Thèse de doctorat

Muséum national d’Histoire naturelle – Anthropologie culturelle

Archéologie du geste graphique

Genèse, évolution et systématisation de la pensée pictographique en Chine du Néolithique à la dynastie des Tang

文之考:中國新石器時代至唐代象形思維之誕生、演變及系統化

Soutenue le 12 décembre 2019 à l’Institut de paléontologie humaine
Membres du jury
Madame Chen Kuang-yi, Professeur à l’Université nationale des Arts, Taiwan (Rapporteur)
Madame Marie Laureillard, HDR, Maître de conférences à l’Université Lumière-Lyon 2 (Rapporteur)
Monsieur Jean-Jacques Bahain, Professeur au Muséum national d’Histoire naturelle (Examinateur)
Monsieur Rémi Mathieu, Directeur de recherche émérite au CNRS (Examinateur)
Monsieur Emmanuel Lincot, Professeur à l’Institut catholique de Paris (Directeur de thèse)
Monsieur Christophe Comentale, Conservateur en chef honoraire au Muséum national d’Histoire naturelle (Directeur de thèse)

Résumé

La genèse d’une écriture résulte d’une série d’éclats dans une civilisation. Pour la tradition grecque, tracer, graver, peindre, écrire, décrire se disent d’un même mot : graphein(γράφω). Dans la pensée chinoise, wen 文 signifiant graphie, image de l’homme, transformation du monde, constitue un fil conducteur pour une archéologie culturelle. 

La période qui s’étend du Néolithique à l’époque de l’invention du système graphique est un grand Temps où l’homme élaborait les mythes de création, les premières spéculations cosmiques, ainsi que les images et les symboles qui transcrivent cet éveil de la cosmicité. Le geste graphique et le processus culturel étant progressivement sacralisés, leurs systèmes de transmission, tant orale que graphique, de la Préhistoire à l’Histoire, ont très tôt connu une puissante historicisation. Cette historicisation culturelle, transportée plus spécifiquement dans les formes graphiques des caractères chinois, voire dans les gestes calligraphiques, constitue le fondement des efforts des normalisations graphiques par l’autorité centrale au cours de l’histoire chinoise. 

Cette thèse, intitulée Archéologie du geste graphique, est une tentative de démystification des mythes historicisés à propos des images, symboles, caractères et gestes graphiques. Positionnée dans la discipline de l’anthropologie culturelle, mais en croisant des perspectives archéologiques, sémiologiques et esthétiques, cette recherche porte notamment sur les impacts et les connotations successives du geste graphique sur la genèse, l’évolution et la systématisation de la pensée picto-idéographique en Chine du Néolithique à la dynastie des Tang (618-907) où les normes graphiques ont été établies et sont utilisées jusqu’à nos jours, afin de révéler la force créatrice contenue dès l’origine dans l’écriture chinoise et survécue aux différentes vagues de normalisation.

Mots-clés : Anthropologie culturelle, histoire de l’art, études chinoises, archéologie, sémiologie, paléographie, calligraphie

文字與書寫的發生,是一個文明中一系列裂變的結果。在古希臘傳統中,塗寫,刻劃,繪畫,書寫,描繪,都用“γράφω”這一個詞表達。在中國思想中,“文”這個字由人的形象,到紋飾,進而到世界的轉化,構成了文化考古學的一條最根本的脈絡。
從新石器時代一直延伸到書寫系統完備的這一個偉大的時期,人類集體編織了創世神話,開始了早期的宇宙觀測和推演,以及創造出一系列表達這種宇宙意識覺醒的圖像和符號。文的行動和文化的程序逐漸被聖化,在從史前到歷史的跨越中,文化的傳承,無論口頭還是圖像系統,都經歷了強烈的歷史化過程。這種文化上的歷史化,在文字和書寫的領域,更表現在漢字書寫形態乃至書法的筆勢上,它構成了中國歷史進程中正書運動的基礎。
這篇題為《文之考》的文化人類學論文,試圖揭開有關圖像、符號文字和書寫行動的種種歷史化神話。這項研究結合考古學、符號學和美學等多重領域,從中國新石器時代到正書運動成功的唐朝,探討書寫行動對象形思維的誕生、演變和系統化過程中持續的影響,從而揭示中國文字書寫系統中蘊含的、歷經種種規範化浪潮而存留下來的原初創造力。
關鍵詞:文化人類學、藝術史、漢學研究、考古學、符號學、古文字學、書法
The genesis of a writing system results from a series of breakthrough in a civilization. For the Greek tradition, to draw, to engrave, to paint, to write, to describe, all are expressed with the same word : graphein (γράφω). In Chinese thought, wen 文 meaning graph, image of human, transformation of the world, constitutes a common thread for a cultural archeology.
The period stretching from the Neolithic era to the time of the invention of the graphic system is a great Time where man elaborated the myths of creation, the first cosmic speculations, as well as the images and the symbols which transcribe this awakening of cosmicity. The graphic gesture and the cultural process being progressively sacralized, their systems of transmission, both oral and graphic, from Prehistory to History, have encountered a powerful historicization. This cultural historicization, transported more specifically in the graphic forms of Chinese characters, and even in calligraphic gestures, constitutes the foundation of the efforts of the graphic standardization by the central authority in the course of Chinese history.
This thesis, entitled Archeology of graphic gesture, is an attempt to demystify the historicized myths about images, symbols, characters and graphic gestures. Positioned in the discipline of cultural anthropology, but intersecting archaeological, semiological and aesthetic perspectives, this research focuses on the successive impacts and connotations of the graphic gesture on the genesis, evolution and systematization of the picto-ideographic writing thoughts in China from the Neolithic era to the Tang Dynasty (618-907), when the graphic standards have been established and are used until today, in order to reveal the creative force contained from the beginning in Chinese writing and survived the different waves of normalization.
Keywords : Cultural anthropology, art history, Chinese studies, archeology, semiology, palaeography, calligraphy

Monographies

 

(À paraître) Xiong, Bingming et Jiaxing Hu. 張旭和狂草書法 (Zhang Xu et la calligraphie cursive folle). Traduction, annotation et présentation par Jiaxing Hu. Beijing : People’s Fine Arts Publishing House, 2022. 260 p., 10 ill.

Résumé 
L’art de la calligraphie est né de l’écriture ; cependant les caractères chinois ne représentent pas seulement un signifiant linguistique, mais aussi un signe pur. Chaque caractère est un graphisme ayant un pouvoir symbolique et emblématique qui se veut le double de la réalité. L’invention de caractères se confond avec un besoin fondamental de l’homme, celui de la création de symboles. Tracer un caractère chinois, c’est dessiner un signe-schéma et saisir directement l’essence du monde.
Au milieu du VIIe siècle, un contre-courant violent se manifeste dans l’écriture cursive. Zhang Xu créa la cursive folle, la forme la plus déchaînée de la calligraphie qui incarne l’esprit de révolte dans cette époque de raison et d’ordre. Son influence est incontestable dans la peinture et dans la poésie. La spontanéité totale fait de l’écriture une expression pure. L’acte d’écrire s’identifie ainsi à l’être. Ce phénomène extraordinaire dans l’histoire de l’art en Chine au VIIIe siècle coïncide avec l’art gestuel des artistes modernes en Occident, ce qui nous livre une des clés pour comprendre le génie chinois et son art.
La première partie de cet ouvrage est consacrée à l’étude historiographique de Zhang Xu et de son œuvre et la seconde à la recherche esthétique de la cursive folle. La conclusion débouchera sur des problèmes actuels de la culture chinoise. Traduit en chinois, cet ouvrage est présenté comme une étape importante de la sinographologie dans la tradition d’études chinoises en France et en Europe. J’essaie aussi d’actualiser les questions esthétiques que Xiong Bingming a posées il y a presque 40 ans.

Zhao, Fei, et Jiaxing Hu. The Celestial Questioning. Livre d’artiste. Paris : Éditions Feibai, 2018. 98 p., 66 ill.

Caens, Arsène, Maximilien Theinhardt, et Jiaxing Hu. Hu Jiaxing  : La Nature en impression. Paris : Édition Tractions – École du Louvre, 2012. 113 p., 58 ill.

Articles

 

Hu, Jiaxing. « Mille couches d’encre, mille gestes chez Yang Jiechang ». Acte de colloque Usages et valeurs du noir en Asie de l’Est organisé, sous la direction de Isabelle Charrier et Marie Laureillard, CEEI (Centre d’Étude de l’Écriture et de l’Image) et IFRAE (Inalco), du 7 au 9 juin 2022 à l’INHA (Institut National d’Histoire de l’Art) et à l’Inalco. (À paraître)

Résumé
Depuis le début du siècle dernier, le dépaysement des artistes chinois dans le monde occidental a suscité la remise en cause de leur tradition artistique. La naissance de la série de monochromes Mille couches d’encre (1989-1998) de Yang Jiechang 楊詰蒼 (1956-) résultent d’un tel dépaysement. Le geste graphique répétitif au-delà de ces écrans entièrement noirs, révèle une monumentalité spirituelle, véhicule un double processus de création artistique et de sublimation méditative. Ces aspects corporels, tempo-spatiaux et spirituels caractérisent un acte de création qui cherche à réinventer l’esthétique de la calligraphie traditionnelle dans le contexte contemporain, avec le dépaysement comme éclat transculturel.

Hu, Jiaxing. « De l’écriture d’un seul tracé (yibishu 一筆書) de Wang Xianzhi (344-386), précurseur de la cursive folle ». Écriture et image, no 2. “Lettres, lignes et traces”, sous la direction de Marianne Simon-Oikawa et Hélène Campaignolle-Catel, 2021: 96-117. En ligne : //ecriture-et-image.fr/index.php/ecriture-image/article/view/38/104

Résumé
La longue histoire de l’art de l’écriture chinoise est largement mue par la force motrice de la calligraphie en cursive. La cursive folle apparue entre les VIIe et VIIIe siècles, inventée par Zhang Xu 張旭 (ca. 658-ca. 748), est considérée généralement comme un apogée de la calligraphie chinoise en tant que forme d’expression personnelle. Xiong Bingming résume les trois étapes évolutives de la cursive selon la tradition de la théorie de la calligraphie chinoise : cursive archaïque née dans les écrits administratifs et quotidiens – cursive moderne inventée par Zhang Zhi 張芝 (?-192) – cursive folle. Les théoriciens ont longtemps négligé le fait que la notion d’« écriture d’un seul tracé » (yibishu 一筆書), dont l’invention est généralement attribuée à Wang Xianzhi 王獻之 (344-386), illustre déjà le désir de transformer l’écriture en un seul tracé rythmique. Yibishu n’est pas simplement une forme spécifique de la cursive ; annonciatrice de la cursive folle, elle incorpore des pensées esthétiques et la quête spirituelle caractéristique de l’époque de Wang Xianzhi lors de ce tournant décisif de l’histoire de la calligraphie chinoise. Les recherches traditionnelles et actuelles abordent la calligraphie cursive davantage par ses aspects historiques ou ses valeurs esthétiques ; les éléments religieux qui ont pourtant contribué à la formation et à l’évolution de cette forme majeure de la calligraphie chinoise sont rarement étudiés. Notre étude sur yibishu, à travers l’analyse des œuvres et des traités théoriques autour de Wang Xianzhi, vise à montrer que, derrière cette transformation d’une écriture d’origine pictographique en des tracés linéaires, il existe une quête spirituelle propre à l’action de tracer les lignes, présente aussi bien dans la calligraphie que dans la peinture chinoise.

Hu, Jiaxing. « Actes de révolte dans la transmission de la calligraphie chinoise du IVe au VIe siècles », in Alibert, Dominique et Gramont, Jérôme de, éd. Quel maître ? Quel disciple  ? Paris : Éditions du Cerf, 2021 : 110-139.

Résumé
La fin de la dynastie des Han (206 av. J.-C.-220) s’accompagne de troubles et de divisions successives de l’empire. Pendant plus de trois siècles, les guerres civiles, les révoltes locales, les déplacements de populations ainsi que d’autres troubles font rage sur le territoire chinois. Les dynasties des Wei et des Jin, encore celles du Nord et du Sud (386-589) marquent ainsi de profondes mutations socio- culturelles avec des ruptures impériales mais aussi avec des ouvertures ethniques sur le territoire de l’Asie orientale. La faiblesse du pouvoir central s’avère, en réalité, extrêmement favorable au développement des arts. Les actes de révolte non seulement se manifestent sur le plan politique, mais caractérisent également l’histoire de la calligraphie chinoise entre le IIIe et le VIe siècle. Cette étude passe en revue la longue période de veille avant l’établissement de la tradition classique de la calligraphie. Elle analyse ensuite l’apprentissage « en vain » de Wang Xizhi selon l’anecdote et la transmission « réelle » de Wei Shuo d’après les œuvres, en retraçant les voyages qui lui ont révélé sa force créatrice artistique et religieuse, pour démontrer le double héritage de l’esprit de révolte contre l’historicisation de l’art calligraphique à cette époque de troubles.

Hu, Jiaxing. « De la conception chinoise du paysage dans l’étymologie du terme fengjing 風景 ». In Comentale, Christophe, éd. Le paysage d’Est en Ouest  : Du thème de la terre dans la création contemporaine. Actes du colloque international Le paysage d’Est en Ouest, le 23 octobre 2020, Musée chinois du Quotidien, Lodève, édition électronique, 2021.

Résumé 
Si le terme bien connu shanshui 山水, renvoie par deux éléments concrets, « montagne » et « eau », à une forme classique de peinture de paysage, et encore à une pensée esthétique, il existe un autre terme pour « paysage », fengjing風景, couramment utilisé mais beaucoup moins étudié. Ses deux caractères signifient littéralement « vent » et « lumière/ombre », matières abstraites, dans l’étymologie desquelles se trouvent un animal et le soleil. Quelle est la conception chinoise du paysage contenue dans ce terme mystérieux ? Les sources classiques littéraires et mythologiques, les découvertes archéologiques des temps modernes nous permettent de dévoiler une pensée symbolique de l’établissement cosmogonique de l’espace et du temps. Cette conception du paysage constituant une mémoire collective a été profondément ancrée dans la vision du monde socioculturel des élites chinoises et a fortement contribué à former leurs sentiments envers le monde naturel.

Hu, Jiaxing. « Le geste graphique d’Antoni Tàpies, la cosmicité et la question de la création ». In Machler Tobar, Ernesto, éd. L’Orient dans le monde hispanique et lusophone, collection du CEHA, Centre d’études hispaniques d’Amiens. Binges : Éditions Orbis Tertius, 2020 : 83-94.

Résumé
L’abstraction durant la première moitié du XXe siècle a exploré et renouvelé le langage pictural dans l’histoire de l’art occidental. Après la Seconde Guerre mondiale, les artistes vont faire face à la question de la création après la catastrophe humaine et au milieu des ruines. Cette étude essaie de dévoiler l’aspect « calligraphique » comme une nouvelle enquête de la création au milieu du siècle. Le geste qu’on considère comme « calligraphique » reconnaissable chez Antoni Tàpies, et parfois chez Georges Mathieu, Jackson Pollock, ou Cy Twombly, est un geste de double nature : il est à la fois destructeur et créateur. C’est dans la construction et destruction des signes, symboles et écritures, que ces artistes ont trouvé une nouvelle dimension de la création : un geste graphique qui libère dans chacune de ses reprises la force évocatrice de la création cosmogonique contenue dans la matière de l’homme.

Hu, Jiaxing. « Moonlight Garden  : The Emotional And Spiritual World Of Three East And West Women Artists ». Boab Art Gallery. 24 février 2019. Consulté le 22 février 2021. https://honoloeloe.be/moonlight-garden/.